Sacrifice :cry: d'amour..
Tulipe
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C'est dimanche. Nous sommes sur le forum depuis peu et lisons petit à petit l'historique des différentes sections. J'ai lu l'histoire émouvante du changement de maître d'Angel ce printemps et cela me conduit à vous conter une histoire qui restera au fond de mon coeur.
J'avais, il y a bien longtemps, une magnifique épagneul breton du nom de Yula (du Val de Seille), qui était une perle douce et aimante. Nous faisions de longues promenades au bord du lac léman, à la campagne et à la montagne, elle était musclée mais fine, obéissante et excellente au rapport. Je ne chasse pas (on ne chasse pas en Suisse) mais lui avais donné l'éducation des chiens de chasse que nous avons toujours eu dans ma famille.
Elle avait un don supplémentaire : elle chantait. Bien et juste. Si je devais la laisser seule à la maison pour mon travail, je lui laissais la radio et, quand je rentrais et qu'un tube de saison repassait sur les ondes, elle l'avait déjà appris et me le chantait en même temps. Elle chantait aussi les airs que je lui apprenais.
Bref, c'était un grand amour entre nous.
Un jour, des amis m'ont parlé de connaissances qui avaient une chienne doberman et une épagneule. Cette dernière est hélas décédée et la doberman se couchait dans la couche vide de sa copine et pleurait avec de vraies larmes; elle ne mangeait plus et dépérissait. en quelques mots, elle se laissait mourir.
Comme je devais partir en stage professionnel pour plusieurs mois à l'étranger, je réfléchissais à qui accepterait de garder ma Yula. Et cette histoire me fut racontée.
Les amis qui m'avait raconté tout cela savaient que je devais partir et m'avaient glissé un petit "peut-être pourrais-tu y réfléchir et faire une bonne action". Je dois dire qu'au début je n'avais pas vraiment saisi toute la portée de ce qu'ils m'avaient dit. Ma réflexion avançant, j'ai réalisé d'un coup ce qu'ils avaient voulu dire.. non de confier ma chienne pour quelques mois mais..
Je les ai appelés pour avoir le numéro de téléphone des propriétaires de la doberman. Sans attente, pour ne pas risquer de renoncer, je les ai appelés et le propriétaire m'a répondu. J'ai pris la voiture avec ma Yula et suis allé les voir de suite.
Une fois arrivés dans une magnifique propriété, un grand vieux chalet dans un parc immense et clôturé, j'ai à peine eu le temps de saluer la maisonnée et d'aperçevoir la doberman tristement couchée; elle a vu Yula et s'est levée instantanément, oreilles dressées, est venue vers nous. Les chiennes se sont reniflées et la doberman a fait comme un signe à Yula et l'a emmenée courir dans le parc.
Le maître de maison m'a raconté l'histoire qui l'attristait, lui et sa famille, et leur désarroi face à la doberman pour laquelle ils ne pouvaient rien faire.
Il m'a dit qu'il était chasseur (en France) et que son épagneule défunte était une bonne chasseresse. Je lui ai conté toutes les qualités de Yula.
C'est alors que les chiennes sont revenues, toutes essoufflées, et la doberman, semblant revivre, est allée à la cuisine, a avalé toutes les croquettes de sa gamelle, est venue se faire caresser par son maître et toutes deux sont reparties courir.
J'avais compris.
J'ai dit "il m'est impossible de laisser à nouveau votre chienne sans amie; si vous voulez de Yula, je vous la laisse, cela me brise le coeur mais je sais qu'elle sera heureuse et pourra même mieux assumer son instinct de chasseresse avec vous qu'avec moi".
Je suis parti en disant que j'apporterais ses affaires, ses papiers et son pedigree le lendemain, me suis retrouvé dans ma voiture, hébété et sans vraiment comprendre la réalité de ce que je venais de faire. Je me suis arrêté peu après dans la campagne et ai pleuré. Longtemps.
J'ai apporté ses affaires le lendemain. Yula est venue vers moi, m'a fait une courte fête et est repartie dans le parc jouer avec sa nouvelle copine.
La saison de chasse suivante, j'étais de retour de mes quatre mois de stage en Allemagne et ai reçu un appel téléphonique du nouveau propriétaire de Yula. Il m'a remercié d'avoir si bien éduqué Yula, qui se révélait être une grande chasseresse, avec laquelle il pouvait même aller à la bécasse, chasse au gibier à plumes parmi les plus difficiles, et m'a dit que précisément il me destinait une des premières bécasses brillamment rapportées par Yula.
Je suis allé chercher le pauvre volatile qu'il me fallait cuisiner en honneur à mon ex-chienne chérie, ai revu cette dernière qui m'a reconnu et m'a à nouveau fêté, sans excès, ai souhaité à son nouveau maître que tout se passe pour le mieux pour eux tous, l'ai remercié pour son attention et lui ai dit que je préfèrais ne plus voir Yula, qu'elle était heureuse, cela se voyait, mais que moi je ne le serais pas si je revenais la voir.
Je ne les plus jamais revus, mes amis m'ont dit parfois qu'elle allait bien, à eux aussi j'ai demandé de ne plus m'en parler.
Peut-être comprendrez-vous ma réaction, peut-être pas. Mais je l'aimais tellement. Tout comme j'aime ma Tulipe aujourd'hui. Peut-être, secrètement, ne voulais-je jamais savoir le jour où elle devait partir au paradis des chiens.
Et oui, cette histoire date d'il y a trente-deux ans. La Yula est le nom italien d'une belle montagne tout près du Mont-Blanc, au-dessus de Courmayeur, côté italien, tout près des étoiles d'où ma Yula et sa copine doberman savent à présent ce que j'ai fait pour elles.
PS- Je ne savais pas dans quelle rubrique poster cette histoire; Si je me suis trompé, ne m'en voulez pas svp, merci.
J'avais, il y a bien longtemps, une magnifique épagneul breton du nom de Yula (du Val de Seille), qui était une perle douce et aimante. Nous faisions de longues promenades au bord du lac léman, à la campagne et à la montagne, elle était musclée mais fine, obéissante et excellente au rapport. Je ne chasse pas (on ne chasse pas en Suisse) mais lui avais donné l'éducation des chiens de chasse que nous avons toujours eu dans ma famille.
Elle avait un don supplémentaire : elle chantait. Bien et juste. Si je devais la laisser seule à la maison pour mon travail, je lui laissais la radio et, quand je rentrais et qu'un tube de saison repassait sur les ondes, elle l'avait déjà appris et me le chantait en même temps. Elle chantait aussi les airs que je lui apprenais.
Bref, c'était un grand amour entre nous.
Un jour, des amis m'ont parlé de connaissances qui avaient une chienne doberman et une épagneule. Cette dernière est hélas décédée et la doberman se couchait dans la couche vide de sa copine et pleurait avec de vraies larmes; elle ne mangeait plus et dépérissait. en quelques mots, elle se laissait mourir.
Comme je devais partir en stage professionnel pour plusieurs mois à l'étranger, je réfléchissais à qui accepterait de garder ma Yula. Et cette histoire me fut racontée.
Les amis qui m'avait raconté tout cela savaient que je devais partir et m'avaient glissé un petit "peut-être pourrais-tu y réfléchir et faire une bonne action". Je dois dire qu'au début je n'avais pas vraiment saisi toute la portée de ce qu'ils m'avaient dit. Ma réflexion avançant, j'ai réalisé d'un coup ce qu'ils avaient voulu dire.. non de confier ma chienne pour quelques mois mais..
Je les ai appelés pour avoir le numéro de téléphone des propriétaires de la doberman. Sans attente, pour ne pas risquer de renoncer, je les ai appelés et le propriétaire m'a répondu. J'ai pris la voiture avec ma Yula et suis allé les voir de suite.
Une fois arrivés dans une magnifique propriété, un grand vieux chalet dans un parc immense et clôturé, j'ai à peine eu le temps de saluer la maisonnée et d'aperçevoir la doberman tristement couchée; elle a vu Yula et s'est levée instantanément, oreilles dressées, est venue vers nous. Les chiennes se sont reniflées et la doberman a fait comme un signe à Yula et l'a emmenée courir dans le parc.
Le maître de maison m'a raconté l'histoire qui l'attristait, lui et sa famille, et leur désarroi face à la doberman pour laquelle ils ne pouvaient rien faire.
Il m'a dit qu'il était chasseur (en France) et que son épagneule défunte était une bonne chasseresse. Je lui ai conté toutes les qualités de Yula.
C'est alors que les chiennes sont revenues, toutes essoufflées, et la doberman, semblant revivre, est allée à la cuisine, a avalé toutes les croquettes de sa gamelle, est venue se faire caresser par son maître et toutes deux sont reparties courir.
J'avais compris.
J'ai dit "il m'est impossible de laisser à nouveau votre chienne sans amie; si vous voulez de Yula, je vous la laisse, cela me brise le coeur mais je sais qu'elle sera heureuse et pourra même mieux assumer son instinct de chasseresse avec vous qu'avec moi".
Je suis parti en disant que j'apporterais ses affaires, ses papiers et son pedigree le lendemain, me suis retrouvé dans ma voiture, hébété et sans vraiment comprendre la réalité de ce que je venais de faire. Je me suis arrêté peu après dans la campagne et ai pleuré. Longtemps.
J'ai apporté ses affaires le lendemain. Yula est venue vers moi, m'a fait une courte fête et est repartie dans le parc jouer avec sa nouvelle copine.
La saison de chasse suivante, j'étais de retour de mes quatre mois de stage en Allemagne et ai reçu un appel téléphonique du nouveau propriétaire de Yula. Il m'a remercié d'avoir si bien éduqué Yula, qui se révélait être une grande chasseresse, avec laquelle il pouvait même aller à la bécasse, chasse au gibier à plumes parmi les plus difficiles, et m'a dit que précisément il me destinait une des premières bécasses brillamment rapportées par Yula.
Je suis allé chercher le pauvre volatile qu'il me fallait cuisiner en honneur à mon ex-chienne chérie, ai revu cette dernière qui m'a reconnu et m'a à nouveau fêté, sans excès, ai souhaité à son nouveau maître que tout se passe pour le mieux pour eux tous, l'ai remercié pour son attention et lui ai dit que je préfèrais ne plus voir Yula, qu'elle était heureuse, cela se voyait, mais que moi je ne le serais pas si je revenais la voir.
Je ne les plus jamais revus, mes amis m'ont dit parfois qu'elle allait bien, à eux aussi j'ai demandé de ne plus m'en parler.
Peut-être comprendrez-vous ma réaction, peut-être pas. Mais je l'aimais tellement. Tout comme j'aime ma Tulipe aujourd'hui. Peut-être, secrètement, ne voulais-je jamais savoir le jour où elle devait partir au paradis des chiens.
Et oui, cette histoire date d'il y a trente-deux ans. La Yula est le nom italien d'une belle montagne tout près du Mont-Blanc, au-dessus de Courmayeur, côté italien, tout près des étoiles d'où ma Yula et sa copine doberman savent à présent ce que j'ai fait pour elles.
PS- Je ne savais pas dans quelle rubrique poster cette histoire; Si je me suis trompé, ne m'en voulez pas svp, merci.
Réponses
cette histoire est tres tres belle, et quel acte de generositée, vraiment bravo.
je comprend totalement ton point de vue quand tu dis que tu ne voulais plus la voir... ce n'etait pas du tout de la mechanceté ou du mepris.
bravo pour ce recit que tu nous a fait, je me suis plongé dedans et a la limite j'aurai pu encore lire 30 lignes de plus!!!
bravo! vraiment j'admire!
C'est un trés beau geste. Je ne sais pas si j'aurais pu avoir le même courage que toi...
Quand on fait passer le bonheur des animaux avant nos propres sentiments je trouve d'un coup que la vie est plus belle, qu'il y a encore un peu d'espoir dans l'humanité, que tout n'est pas toujours mauvais même si cette histoire est triste pour la maîtresse de Yula
bravo a toi et ton courage
1975 :
ma mere avait egalement un shih tsu(quelle a encore) et un york shire le york a été empoisonné et depui le shih tzu se laissé perrir elle a meme pris un coup de vieux je trouve kan jai eu mon boul elle a recommencé a manger et a jouer comme jamais (elle a 9ans) je suis parti de la maison et ma mere a pris un labrador car elle se laissai aller encore un fois je pense que les cheins ont un coeur et certainement bien plus gros que les etres humain et c'est ce qui fait que voir les gens abandonner leurs betes me degoute au plus haut point
Tu m 'as fait pleurer !
Je t 'embrasse très fort !
exact!
Ton histoire est superbement racontée tu as un don pour captiver tes lecteurs en tout cas j'ai adoré et les larmes ont coulées .
Merci de nous l'avoir fait partager .
quel courage et quelle bonté d'avoir laissé yula.
j'en aurai été incapable.
je n'aurais jamais eu le courage que tu as eu
mes bb je les appelle " ma vie" et ils font parti de moi ...
Selon moi, ce forum est un riche capital-expérience fait de vous toutes et tous. Il permet un échange et une confrontation d'idées rapide et peut être d'une grande utilité dans l'aide au diagnostic. En effet, dans notre cas, les vétos et nous-mêmes tournions en rond. Il est bien normal dans ces circonstances que je n'ai pas eu de réponses précises.
Sur ce forum s'ajoute à cela le soutien qui s'offre ici et que nous apprécions, y compris et simplement par ceux de vous qui disent "je ne peux rien faire mais..".
Aujourd'hui, sans qu'un diagnostic absolu ait été posé, nous savons que les douleurs de Tulipe sont probablement dues, soit à une sciatique par tassement de vertèbres lombaires (ceci est encore sous investigation) soit à de l'arthrose ou de l'arthrite. Nous en saurons plus ces prochains jours, Tulipe va demain chez une vétérinaire ostéopathe réputée, elle est sous cortisone, ses radios sont à l'examen, nous verrons si un IRM s'avère nécessaire, bref il nous reste du chemin à faire pour la soigner. Nous vous tiendrons au courant afin d'enrichir, autant que nous le pourrons, la "base de données" du forum.
Après des tâtonnements de départ, suite auxquels je remercie Rogerlebouledogue de son aide, nous avons commencé à lier des contacts, votre amitié nous fait plaisir et nous vous en remercions, tout particulièrement Mimi, Monique, Dominique, Corinne, Val, Annabelle, Billy, Moka, les modos et toutes celles et ceux que j'oublie mais qui se reconnaîtront.
C'est pour cela que j'ai été encouragé à vous raconter ce dimanche une histoire intime, destinée aux amoureux et gagas des chiens et boulis que nous sommes.
Cette histoire n'est qu'un instant de vie, de ceux qui apprennent aux humains à affronter des peines et à en conserver ce qui est beau.
Je ne crois pas avoir réfléchi, à la seconde même de ma décision, à la générosité ni au courage, mais agi seulement par certitude de sauver cette chienne doberman et par l'amour des animaux que j'ai en moi.
Le courage ne m'a servi qu'ensuite, pour renter chez moi où personne ne m'attendait à l'époque et pour réapprendre à vivre sans ma petite compagne de tous les instants. Ma volonté d'aller de l'avant en contenant mon chagrin était nourrie de la simple satisfaction d'avoir fait ce que je devais faire, ce qui s'était imposé à moi comme une absolue certitude.
De même, la générosité n'a été qu'un constat a-posteriori, retourné par les autres, comme vous le faites aujourd'hui et je vous en remercie.
Je serai sans doute moins long à l'avenir mais nous souhaitions, 15 jours après notre entrée au forum, vous exprimer notre gratitude pour votre accueil.
Je crois comprendre aussi que tu as préféré faire le choix de ne pas y retourner...
Merci pour cette jolie histoire autobiographique... J'adore ça :arrow:
On s'attache à nos tits amis et à ceux des autres à travers leurs histoires et leur vie